Dans "Le tour du monde - XXVI - Nouveau journal des voyages" - Collectif - Hachette, 1873 - p.308.
Texte et gravure publiées dans "L'Inde des Rajahs - Voyage dans l'Inde centrale" - Louis Rousselet - Hachette, 1875 - 317 gravures sur bois, 6 cartes - p.551.
Texte et gravure publiées dans "L'Inde des Rajahs - Voyage dans l'Inde centrale" - Louis Rousselet - Hachette, 1875 - 317 gravures sur bois, 6 cartes - p.551.
Ouvrages numérisés. Voir Gallica.bnf.fr
"[…] Une autre danse, infiniment plus gracieuse et plus intéressante, est la danse des œufs. Il ne s'agit pas, comme on pourrait s'y attendre d'après le titre, de danse exécutée au-dessus de ces fragiles objets.
La danseuse, vêtue du costume des femmes du peuple, un corsage et un sari très-court, porte sur la tête une roue en osier d'un assez grand diamètre, placée d'une manière parfaitement horizontale sur le haut du crâne. Autour de cette roue sont pendus des fils, également distancés, et munis, à l'extrémité, d'un nœud coulant maintenu ouvert au moyen d'une perle de verre. La danseuse s'avance vers les spectateurs tenant une corbeille remplie d'œufs, qu'elle présente afin que nous puissions constater que ces œufs sont véritables et non pas imités.
La musique entonne un rythme saccadé et monotone, et la danseuse se met à tourner sur elle-même avec une grande rapidité. Saisissant alors un œuf, elle l'introduit dans l'un des nœuds coulants, et d'un mouvement sec, elle le lance de manière à serrer le nœud. Par l'effet de la force centrifuge que produit la rapidité du mouvement circulaire de la danseuse, le fil tenant l'œuf se tend, et celui-ci vient se placer en ligne droite avec la prolongation du rayon correspondant de la circonférence. Les uns après les autres, les œufs sont lancés dans les nœuds coulants et viennent bientôt former une auréole horizontale autour de la tête de la danseuse. A ce moment, la danse devient de plus en plus rapide ; c'est à peine si l'on peut distinguer les traits de la jeune femme ; le moment est critique, le moindre faux pas, le moindre temps d'arrêt et les œufs se brisent les uns contre les autres. Mais alors interrompre la danse ? Comment s'arrêter ? Il n'y a qu'un moyen, c'est de retirer les œufs de la même façon qu'on les a placés. Malgré l'apparence, cette opération est la plus délicate des deux. Il faut que d'un seul geste, net et précis, la danseuse saisisse l'œuf et l'attire à elle ; on comprend que si sa main venait maladroitement se placer dans le cercle, il suffirait qu'elle rencontrât seulement un des fils pour rompre subitement l'harmonie générale. Enfin tous les œufs ont été retirés heureusement ; la danseuse s'arrête brusquement et sans paraître le moins du monde étourdie de ce tourbillonnement de vingt-cinq à trente minutes, elle se dirige d'un pas ferme vers nous et nous présente les œufs contenus dans la corbeille, qui sont séance tenante cassés dans un plat afin de prouver l'absence complète de supercherie. […]"
La danseuse, vêtue du costume des femmes du peuple, un corsage et un sari très-court, porte sur la tête une roue en osier d'un assez grand diamètre, placée d'une manière parfaitement horizontale sur le haut du crâne. Autour de cette roue sont pendus des fils, également distancés, et munis, à l'extrémité, d'un nœud coulant maintenu ouvert au moyen d'une perle de verre. La danseuse s'avance vers les spectateurs tenant une corbeille remplie d'œufs, qu'elle présente afin que nous puissions constater que ces œufs sont véritables et non pas imités.
La musique entonne un rythme saccadé et monotone, et la danseuse se met à tourner sur elle-même avec une grande rapidité. Saisissant alors un œuf, elle l'introduit dans l'un des nœuds coulants, et d'un mouvement sec, elle le lance de manière à serrer le nœud. Par l'effet de la force centrifuge que produit la rapidité du mouvement circulaire de la danseuse, le fil tenant l'œuf se tend, et celui-ci vient se placer en ligne droite avec la prolongation du rayon correspondant de la circonférence. Les uns après les autres, les œufs sont lancés dans les nœuds coulants et viennent bientôt former une auréole horizontale autour de la tête de la danseuse. A ce moment, la danse devient de plus en plus rapide ; c'est à peine si l'on peut distinguer les traits de la jeune femme ; le moment est critique, le moindre faux pas, le moindre temps d'arrêt et les œufs se brisent les uns contre les autres. Mais alors interrompre la danse ? Comment s'arrêter ? Il n'y a qu'un moyen, c'est de retirer les œufs de la même façon qu'on les a placés. Malgré l'apparence, cette opération est la plus délicate des deux. Il faut que d'un seul geste, net et précis, la danseuse saisisse l'œuf et l'attire à elle ; on comprend que si sa main venait maladroitement se placer dans le cercle, il suffirait qu'elle rencontrât seulement un des fils pour rompre subitement l'harmonie générale. Enfin tous les œufs ont été retirés heureusement ; la danseuse s'arrête brusquement et sans paraître le moins du monde étourdie de ce tourbillonnement de vingt-cinq à trente minutes, elle se dirige d'un pas ferme vers nous et nous présente les œufs contenus dans la corbeille, qui sont séance tenante cassés dans un plat afin de prouver l'absence complète de supercherie. […]"
Louis Rousselet
No comments:
Post a Comment